Interview de Bernard Ollivier

Interview de Bernard Ollivier

Acteur majeur de la renaissance de la marque Alpine

Auteur du livre « Alpine, la renaissance » et Directeur Général de la marque de 2012 à 2018, Bernard Ollivier a eu la gentillesse de nous accorder un moment pour répondre à nos questions. Afin d'en apprendre davantage sur son histoire, nous avons le plaisir de vous partager son expérience et sa passion pour Alpine, dont il a été un des grands artisans du retour.

D’où vient ta passion pour la marque Alpine ?

Ma passion pour Alpine est relativement récente, mais peut-être n’en est-elle que plus profonde !

Durant toute ma période de directeur général de Renault Sport Technologies (RST), je n’avais qu’une connaissance très superficielle de ce qu’était Alpine, grâce à la renommée de ses grands succès sportifs et de la Berlinette. Pour l’anecdote, mon premier acte en arrivant fin 2000 chez RST a été d’annoncer devant tout le personnel impliqué l’arrêt décidé par la DG de Renault du projet W11 (sportive qui pouvait porter le nom Alpine) dont le showcar devait être présenté 3 mois plus tard à Genève. J’ai voulu faire une Alpine (sans succès) pendant cette période RST, mais comme beaucoup qui ont aussi essayé, j’aurais fait en fait ce que je résumerai par une Renault Sport avec une carrosserie spécifique. Or même avec un design typé Alpine, ce n’aurait été une Alpine ! Nous avons alors développé toute une réflexion sur la différence entre une griffe (RS) et une marque. La griffe RS donne en fait accès à l’univers de la compétition et de produits sportifs best in class sur base Renault mais dotés de caractéristiques techniques d’exception. Par comparaison une marque répond à un univers spécifique, un ADN particulier, une histoire forte et autonome. Ceci m’a beaucoup servi quand il s’est agi de creuser ce qu’était Alpine.

Avec les Premières discussions en 2011 de Renault avec Caterham et Tony Fernandes, j’ai eu la chance rare (chez Renault) de savoir longtemps à l’avance , Carlos Tavares m’ayant prévenu du « risque » que je sois concerné… Ainsi en perruque, j’ai eu tout le temps nécessaire pour discuter avec les anciens d’Alpine de la «  grande époque », ingénieurs, techniciens, designers, … comme pilotes ou mécanos pour rentrer vraiment dans la culture et l’ADN de cette marque formidable. J’ai vite compris combien Alpine était une vraie marque (en sommeil alors) très forte et très française. Alpine est à l’automobile, un peu ce qu’est Astérix pour les romains ! Ce côté simple, surmotivé, en challenge impossible permanent mais aussi avec beaucoup de passion et d’humanité est pour moi très attachant et nous a donné avec mon équipe l’absolue volonté de réussir la renaissance de ce qui pour nous était une marque incroyable, un trésor pour Renault ! Deux points résument cette marque : pour les produits, un « concentré de plaisirs » (au pluriel), comme me l’a résumé brillamment Jacques Cheinisse en 2013, et pour les moyens mis et les résultats obtenus, je résume (valable encore pendant la phase de la renaissance) par « à l’arrache avec panache » !

Qu’est-ce qui t’a donné envie de prendre part au retour d’Alpine dans le monde du sport auto ?

D’abord, je n’ai pas réfléchi longtemps pour répondre à la proposition des 2 Carlos, Ghosn et Tavares, pour accepter le challenge de prendre la responsabilité de ce projet commun entre Alpine et Caterham, sans même voir les difficultés qui pouvaient nous attendre, et il y en a eu beaucoup ! L’important pour moi était de disposer d’une équipe totalement adaptée à ce challenge de « start up », en compétences, en capacité d’innovation comme en surmotivation.

Pour ce qui est de la partie sportive, Il était clair qu’au début du projet, peu de gens, journalistes ou passionnés, croyaient que nous ferions une vraie Alpine, plutôt qu’une « simple » RS. Il était donc important de montrer que nous nous mettions « dans les chaussures Alpine » en compétition ; ne disposant pas encore de voiture, la seule solution était donc un prototype en endurance, discipline qui faisait partie clairement de l’ADN de la marque (51 prototypes Alpine ont pris le départ des 24 heures du Mans entre 1963 et 1978 !). Il se trouve que du temps de RST je connaissais très bien Philippe Sinault qui faisait courir ses monoplaces dans nos championnats et qui avait amené notre moteur RS de F3 à gagner les 3 courses du championnat du monde officieux de F3. Cet esprit de gagne était essentiel à officialiser vis-à-vis des journalistes, des passionnés comme des personnels Alpine à l’usine de Dieppe ou des ingénieurs et techniciens de conception.

Quelle a été ton émotion lors de la 1ère victoire de l’Alpine A450 aux 3 heures du Hungaroring ?

Avant même cette première victoire qui inaugurait un vrai catalogue de victoire, il y a eu nos premiers 24 heures du Mans les 22 et 23 juin 2013. Avec un stress terrible de s’assurer d’être à la hauteur des exploits de nos grands ainés ! Le réveil très tôt le matin après quelques heures de sommeil avec les clics sur son smartphone pour faire le point est un moment terrible et délicieux quand je vois que l’A 450 tourne toujours malgré les gros problèmes de la nuit !  L’attente du public comme des journalistes (interview au 20h de TF1 !) était vraiment impressionnante !

La brillante victoire en Hongrie était un aboutissement concret des progrès qu’avait fait l’équipe en finissant déjà en seconde position à Imola et au Red Bull Ring. Ça nous libérait de voir que nous pouvions prendre le leadership de ce premier championnat ELMS et de voir dès la première année que le titre de champion d’Europe d’endurance était alors à notre portée. Quelle performance ceci a apporté pour crédibiliser notre projet AS1 pour lequel nous n’avions rien à communiquer, sinon travailler dur !

Quel est ton avis sur le duo tricolore d’Alpine en Formule 1 ?

Je suis convaincu que l’engagement du team F1 sous le nom Alpine est une excellente chose pour booster au moins la notoriété de la marque sinon directement les ventes en particulier hors de la France, historiquement Alpine n’y étant connu que par de grands passionnés. Les ventes hors France sont essentielles pour la pérennité de la marque et tout doit être fait pour créer de l’attractivité, donc la F1 même si toute proportion gardée, Alpine aurait été bien incapable dans le temps passé de payer un tel investissement sportif ! Le couple Ocon-Gasly a sûrement le potentiel pour une excellente performance sportive dans le championnat F1 et nous attendons beaucoup d’eux ; une question qu’on pourrait se poser est la « performance marketing » de ces deux normands par rapport au challenge commercial de la marque, de booster les ventes de voitures hors France….

Quel modèle d’A110 possèdes-tu et que penses-tu de l'A110 R ?

Je possède une (rare !) « pré-série » d’A110 Première Edition, que j’ai achetée à mon départ en retraite de 2018 (je viens de faire probablement dans les premiers mon contrôle technique !). Et bien sûr, elle reste intégralement ce fameux concentré de plaisirs que, je crois, nous avons réussi à atteindre plutôt bien !

Concernant l’A110 R : sûrement, comme nous l’avions aussi fait chez RST, il faut montrer au cours de la carrière de nos voitures sportives, des versions extrêmes qui démontrent l’excellent potentiel de la base et qui répondent à des attentes notamment d’alpinistes qui ont déjà fortement apprécié les versions existantes de l’A110.

C’est donc une version pour des clients exigeants et recherchant des voitures très radicales orientées vers la performance pure. Je ne doute pas que cette version très performante et exclusive soit aussi une version d’image qui préparera la suite de la marque…

Puisque nous savons que tu es un retraité (hyper)actif, que fais-tu désormais pour Alpine ? Aurais-tu prévu d’écrire un nouvel ouvrage ?

J’avais envisagé de sortir un fascicule de photos assez exceptionnelles de moments forts pendant la conception de l’A110 qui n’avaient pas trouvé leur place dans mon livre (« Alpine la renaissance ») mais j’ai finalement abandonné, n’étant en final pas convaincu de l’intérêt des lecteurs.

Je suis assez actif sur les réseaux sociaux avec pour objectif de contribuer à montrer ce qu’est cette marque extraordinaire, son histoire, ses acteurs incroyables, ses exploits et sa culture basée sur les hommes et la gagne. C’est essentiel pour l’avenir d’Alpine ! Je suis en train de terminer d’écrire un ouvrage qui cette fois-ci n’est pas lié à Alpine, mais plutôt à mon expérience en tant que directeur des établissements d’ingénierie France du Groupe Renault.

 

Credit photo: Mathieu Diribarne photographe

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